Le Chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila a promis mercredi 5 avril de nommer un nouveau Premier ministre dans les 48 heures, dans une allocution devant les deux chambres du Parlement réunies congrès. Quant au poste de Président du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre -qui définit le partage de pouvoir entre la Majorité et l’Opposition-, le président congolais a exhorté la classe politique à poursuivre les tractations pour trouver une personnalité consensuelle.
Radio Okapi vous propose les extraits du discours du président Kabila au congrès.
« La situation socio-économique, politique du pays m’oblige à m’acquitter de ce devoir constitutionnel plus tôt que prévu. »
« L’environnement macro-économique laisse la population perplexe. Les négociations du centre interdiocésain ont suscité des inquiétudes sur les deux points qui achoppent : la  nomination du Premier ministre et du président du Conseil national de suivi de l’accord. »
« Au Kasaï, des actes de barbarie inacceptables ont été commis : profanation des édifices publics, des lieux des cultes, des morts enregistrés dont deux experts de l’ONU. Pour toutes personnes qui ont perdu leurs vies. Et pour le président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, je vous invite à observer une minute de silence. »
« Le premier trimestre a été marqué par une évolution encourageante de la situation sécuritaire dans l’Est du pays grâce aux efforts des forces de sécurité et des notabilités locales. Ces actions doivent se poursuivre. Le temps de se réjouir, l’épicentre de l’insécurité s’est déplacé au centre du pays où un conflit coutumier s’est mué en violence aveugle. Une situation au cœur de nos profondes préoccupations. »
« Face aux atrocités commises sur les victimes innocentes et en raison de persistance de troubles, nous devons rétablir l’autorité de l’Etat par tous les moyens légaux. Une série d’ordonnances signées pour créer un centre opérationnel dans les Kasaï. Le gouvernement a été instruit pour accentuer sa présence dans ces milieux pour résoudre les nombreux conflits coutumiers. »
« Sept militaires des FARDC déjà aux arrêts répondront de leurs actes. Les crimes commis par les miliciens sur la population et les agents des Nations unies ne resteront pas impunis. Ils devront être sanctionnés conformément à la loi. Les enquêtes ont été ouvertes. En attendant, je lance un appel au calme dans le Kasaï Central et j’invite les jeunes engagés dans des aventures sans lendemain à déposer les armes et à cesser leurs aventures criminelles. »
« Je me fais le devoir de rappeler la fragilité des fondamentaux de notre tissu économique tourné vers le secteur tertiaire et marqué par l’importation des biens de première nécessité et l’exportation des matières premières, source principale du financement de notre mais dont nous ne contrôlons pas les prix. Si nous ne changeons pas ce paradigme, notre économie restera fragile. Tant que notre système fiscal sera lourd, le climat d’affaires ne sera pas propice à l’investissement et nous ne pourrons pas mettre fin à l’incivisme fiscal.»
« L’option est levée de soutenir le secteur privé productif en soutenant les PME, notamment celles engagés dans l’agro-industrie. Il faut produire ce que nous consommons. Conférer la valeur ajoutée à nos produits de consommation domestique et ceux destinés à l’exportation. Notre pays ne doit pas être indéfiniment un espace offrant des opportunités au pays tiers au détriment de sa propre population. »
« Lutte contre la fraude douanière et la contrebande. J’ai insisté pour que l’Assemblée nationale et le Senat adoptent dans les plus brefs délais d’une nouvelle loi sur la fiscalité dans la session en cours. Le gouvernement doit disposer des outils solides pour stabiliser de manière pérenne la situation en cours et de trouver des solutions pour le long terme. »
« A la jeunesse de notre pays : les mesures prises en novembre dernier s’appliquent notamment la promotion sur l’entreprenariat privé et la sous-traitance. Les entreprises du secteur public ont été instruites de résorber le chômage des jeunes. »
« Quant aux policiers et militaires, l’amélioration de leurs conditions de vie se poursuivra. Grace à la maitrise des effectifs, leur traitement s’améliorera. »
« J’ai levé l’option depuis 2015 d’engager la classe politique et sociale dans un dialogue pour organiser le troisième cycle électoral apaisé. Cela faisait suite aux efforts entrepris dans le même sens en 2012, lorsque j’avais convoqué les concertations nationales. La recherche du consensus m’a inspiré une fois de plus dans la convocation du dialogue de 2015 tenu sous la facilitation internationale. Celui-ci a été précédé d’un pré-dialogue tenu dans plusieurs villes européennes avec l’UDPS avant le dialogue organisé a la cite de l’Union africaine. »
« J’avais déféré à l’impératif de l’inclusivité pour un consensus plus large de confier la mission aux évêques en vue des négociations incluant le Rassemblement de l’opposition. En dépit de leurs efforts louables ayant permis l’atteinte de plus de 90% des résultats escomptés, leurs efforts ont achoppé sur deux points : la désignation du Premier ministre et du présidente Conseil national de suivi de l’accord. »
« L’objectif du dialogue reste l’organisation des élections. Je félicite pour cela notre centrale électorale qui dans des conditions extrêmement difficiles a fait un travail remarquable avec plus de 21 000 000 d’enrôlés avec le financement de la république évalué à plus de 320 000 000. Je voudrais rassurer notre peuple : les élections auront bel et bien lieu. Que ceux qui en doutent encore soient rassurés. Tout sera mis en œuvre pour atteindre cet objectif conformément au calendrier fixé par la CENI. L’accord du 18 octobre et du 31 décembre ont dégagé le consensus sur les séquences des élections. Apres l’adoption de la loi sur la répartition des sièges, plus rien n’empêchera la tenue des élections. »
« Ce processus étant mené par les Congolais, aucune ingérence étrangère ni dans son pilotage moins encore dans son déroulement ne sera toléré. Comme dans tout autre pays membre des Nations unies. Il s’agit-là d’une question de politique internationale relevant de la souveraineté nationale. Notre devoir est de défendre l’indépendance et la souveraineté nationale conformément à l’engagement pris au terme de notre serment constitutionnel. »
« Au cours de ces dernières 48 heures, j’ai été à l’écoute de la classe politique et sociale qui a répondu à mon invitation spécialement sur la question de la désignation d’un nouveau Premier ministre. Un large consensus s’étant dégagé sur les critères de la personnalité à choisir pour ce poste, j’invite le Rassemblement à surmonter ses querelles intestines et harmoniser les vues sur la liste des candidats Premier ministre requis et souhaité depuis plusieurs mois en vue d’accélérer le processus de formation du gouvernement d’union nationale. »
« Le pays ne doit plus être l’otage des intérêts personnels et du positionnement des acteurs politiques, le Premier ministre sera impérativement nommé dans les 48 heures. Quant à la présidence du Conseil national de suivi de l’accord, je demande aux deux chambres du Parlement d’adopter rapidement la loi y relative et en même temps, j’appelle à l’accélération des tractations au sein de la classe politique pour désigner une personnalité consensuelle. »
« La RDC n’a pas vocation à sombrer mais à émerger. Je suis convaincu que grâce à l’engagement de tous, nous saurons surmonter les défis qui se présentent à nous. Et notre pays subsistera aux prédictions apocalyptiques et malveillantes de ces détracteurs. »
« Que Dieu bénisse la République démocratique du Congo. »