Syrie : quelles pistes pour une sortie de crise ?
Le président syrien Bachar el-Assad (D) s'entretient avec Sergeï Lavrov, ministre des Affaires étrangères lors de leur rencontre à Damas, le 7 février 2012.
REUTERS/
Alors que les violences continuent en Syrie, les initiatives diplomatiques se multiplient pour tenter de sortir le pays de la crise et mettre fin aux violences qui ont fait au moins 6 000 morts en moins d’un an. La Russie tente une médiation, tandis que les capitales occidentales accentuent la pression sur le régime de Bachar el-Assad.
Bachar el-Assad est prêt à « faire cesser les violences d’où qu’elles viennent ». Cette déclaration faite à l’issue d’un entretien avec le chef de la diplomatie russe a immédiatement été démentie par les bombardements qui ont redoublé d’intensité sur la ville de Homs, haut lieu de la contestation au régime.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov était à Damas mardi 7 février 2012. La Russie qui a apposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière, ne veut pas du départ de Bachar el-Assad, elle a des intérêts en Syrie. Elle prône plutôt un assouplissement du régime, qui pourrait être négocié avec l’opposition, après un arrêt des violences. Pour l’instant on en est loin.
Selon Philippe Migault, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), « la balle est dans le camp de Bachar el-Assad. Mais s’il décide de s’engager dans un mouvement de dialogue, il faudra qu’en face il y ait du répondant. Nous pouvons très bien imaginer qu’une partie de l’opposition soit d’accord pour transiger avec le pouvoir, pour trouver des compromis, mais qu’une autre partie ne le soit pas du tout ».
En effet, l'opposition syrienne est divisée. Entre les différentes sensibilités politiques, les appartenances confessionnelles, et surtout le fait qu’il existe une opposition de l’intérieur et une autre de l’extérieur, difficile de trouver un langage commun et d’envisager un dialogue avec Bachar el-Assad, que certains refusent de toute façon.
« Effet d’annonce »
La France, qui soutient le Conseil national syrien, principal mouvement d’opposition à l’étranger, a d'ailleurs proposé d'aider à structurer les différents courants de l'opposition et souhaite créer un « groupe d’amis du peuple syrien », selon les propres termes de Nicolas Sarkozy. Mais cette proposition laisse les experts sceptiques.
« De quel droit la France peut-elle structurer l’opposition ? », s’interroge Judith Cahen, spécialiste de la Syrie à l'Institut national des langues et civilisations orientales, qui ne comprend pas en quoi consiste ce « groupe d’amis » et y voit plutôt « un effet d’annonce ».
La France, tout comme d’autres pays européens a par ailleurs rappelé mardi son ambassadeur en Syrie, tandis que les Etats-Unis ont fermé leur ambassade à Damas et les monarchies du Golfe ont annoncé l’expulsion des ambassadeurs syriens de leurs pays. Pour quel effet ? Aucun, selon Philippe Migault. « La France a cessé depuis longtemps d’être une grande puissance, y compris au Moyen-Orient, ironise-t-il, et le fait que Paris fronce les sourcils ne fait ni chaud ni froid à Bachar el-Assad. »
L’opposition armée soutenue de l’extérieur
Pour isoler le régime de Bachar el-Assad, l’Union européenne a choisi une autre voie. Elle envisage de renforcer les sanctions économiques à l’égard de la Syrie. Mais pour Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherche et d'études sur la Méditeranée et le Moyen-Orient (GREMMO), les sanctions prises jusqu'ici se sont révélées inefficaces.
« L’Europe depuis le mois de novembre n’importe plus de pétrole syrien, les entreprises européennes et américaines sont parties (…) mais l’économie syrienne ne s’est pas effondrée car elle a longtemps vécu en état d’autosuffisance. La Syrie est en autosuffisance alimentaire, énergétique. Et puis certains pays lui sont venus en aide. L’Irak a ouvert son marché aux produits syriens ».
Inefficacité des sanctions économiques, impasse diplomatique, l’option militaire est-elle donc envisageable ? Non, même si au sein du Conseil national syrien, certains le souhaitent. Mais les Occidentaux, échaudés par l’expérience libyenne, ne sont pas prêts à s’engager.
Reste la possibilité d’armer l’opposition syrienne, les déserteurs de l’Armée syrienne libre. « C’est déjà fait, affirme Fabrice Balanche. On se doute que le Qatar fait passer des armes en Syrie ou finance l’achat d’armes en Syrie, comme en Libye. Le chercheur s’interroge, est-ce qu’on va continuer à armer cette Armée syrienne libre, sur quelle échelle, avec le risque d’une guerre civile qui dérive en conflit communautaire comme ce fut le cas au Liban ou en Irak ? »
Pour Judith Cahen, la seule solution serait que le pouvoir se fissure de l’intérieur. « La seule chose que je vois c’est que l’armée lâche Bachar el-Assad, qu’elle négocie avec les grandes familles qui tiennent l’économie en Syrie et que le régime implose ». Mais tant que l'armée, forte de 400 000 hommes au moins, reste fidèle à Bachar el Assad, la répression continuera. Et pour l'instant, l'arme diplomatique reste sans effet.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov était à Damas mardi 7 février 2012. La Russie qui a apposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière, ne veut pas du départ de Bachar el-Assad, elle a des intérêts en Syrie. Elle prône plutôt un assouplissement du régime, qui pourrait être négocié avec l’opposition, après un arrêt des violences. Pour l’instant on en est loin.
Selon Philippe Migault, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), « la balle est dans le camp de Bachar el-Assad. Mais s’il décide de s’engager dans un mouvement de dialogue, il faudra qu’en face il y ait du répondant. Nous pouvons très bien imaginer qu’une partie de l’opposition soit d’accord pour transiger avec le pouvoir, pour trouver des compromis, mais qu’une autre partie ne le soit pas du tout ».
En effet, l'opposition syrienne est divisée. Entre les différentes sensibilités politiques, les appartenances confessionnelles, et surtout le fait qu’il existe une opposition de l’intérieur et une autre de l’extérieur, difficile de trouver un langage commun et d’envisager un dialogue avec Bachar el-Assad, que certains refusent de toute façon.
« Effet d’annonce »
La France, qui soutient le Conseil national syrien, principal mouvement d’opposition à l’étranger, a d'ailleurs proposé d'aider à structurer les différents courants de l'opposition et souhaite créer un « groupe d’amis du peuple syrien », selon les propres termes de Nicolas Sarkozy. Mais cette proposition laisse les experts sceptiques.
« De quel droit la France peut-elle structurer l’opposition ? », s’interroge Judith Cahen, spécialiste de la Syrie à l'Institut national des langues et civilisations orientales, qui ne comprend pas en quoi consiste ce « groupe d’amis » et y voit plutôt « un effet d’annonce ».
La France, tout comme d’autres pays européens a par ailleurs rappelé mardi son ambassadeur en Syrie, tandis que les Etats-Unis ont fermé leur ambassade à Damas et les monarchies du Golfe ont annoncé l’expulsion des ambassadeurs syriens de leurs pays. Pour quel effet ? Aucun, selon Philippe Migault. « La France a cessé depuis longtemps d’être une grande puissance, y compris au Moyen-Orient, ironise-t-il, et le fait que Paris fronce les sourcils ne fait ni chaud ni froid à Bachar el-Assad. »
L’opposition armée soutenue de l’extérieur
Pour isoler le régime de Bachar el-Assad, l’Union européenne a choisi une autre voie. Elle envisage de renforcer les sanctions économiques à l’égard de la Syrie. Mais pour Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherche et d'études sur la Méditeranée et le Moyen-Orient (GREMMO), les sanctions prises jusqu'ici se sont révélées inefficaces.
« L’Europe depuis le mois de novembre n’importe plus de pétrole syrien, les entreprises européennes et américaines sont parties (…) mais l’économie syrienne ne s’est pas effondrée car elle a longtemps vécu en état d’autosuffisance. La Syrie est en autosuffisance alimentaire, énergétique. Et puis certains pays lui sont venus en aide. L’Irak a ouvert son marché aux produits syriens ».
Inefficacité des sanctions économiques, impasse diplomatique, l’option militaire est-elle donc envisageable ? Non, même si au sein du Conseil national syrien, certains le souhaitent. Mais les Occidentaux, échaudés par l’expérience libyenne, ne sont pas prêts à s’engager.
Reste la possibilité d’armer l’opposition syrienne, les déserteurs de l’Armée syrienne libre. « C’est déjà fait, affirme Fabrice Balanche. On se doute que le Qatar fait passer des armes en Syrie ou finance l’achat d’armes en Syrie, comme en Libye. Le chercheur s’interroge, est-ce qu’on va continuer à armer cette Armée syrienne libre, sur quelle échelle, avec le risque d’une guerre civile qui dérive en conflit communautaire comme ce fut le cas au Liban ou en Irak ? »
Pour Judith Cahen, la seule solution serait que le pouvoir se fissure de l’intérieur. « La seule chose que je vois c’est que l’armée lâche Bachar el-Assad, qu’elle négocie avec les grandes familles qui tiennent l’économie en Syrie et que le régime implose ». Mais tant que l'armée, forte de 400 000 hommes au moins, reste fidèle à Bachar el Assad, la répression continuera. Et pour l'instant, l'arme diplomatique reste sans effet.
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